Introduction
La Venue du Règne de Dieu
Avec Jésus, un monde vieux et usé, sans la présence active de l'Esprit (muet depuis la disparition des derniers prophètes écrivains, Aggée, Malachie, Zacharie) est en voie de mourir.
Un monde nouveau, celui de l'intervention en personne de Dieu, dans la puissance de l'Esprit, commence. Le Règne de Dieu est là.
C'est la "basileia", terme utilisé par Jésus pour désigner le royaume de Dieu/des cieux, thème central de toute son action, idée-force par laquelle les synoptiques résument son message et sa prédication.
Ce terme, peu courant en Palestine au 1er siècle, peut recouvrir quatre significations:
Dans le Premier Testament, le terme "règne" ("malkut") ne désigne que très rarement un territoire ou une portion d'espace royal. Il n'avait jamais, en outre, le sens abstrait de "domination", de "souveraineté", mais il désignait presque toujours "le pouvoir", le "gouvernement divin" inauguré lors de la libération d'Egypte (Ex 15:18).
Pour Jésus, le "gouvernement" divin est une nouveauté radicale. Il ne s'agit plus de la gestion habituelle des affaires du peuple d'Israël, mais d'une ère nouvelle qui commence, celle de la "régénération de l'univers" (Mt 19:28).
Voici que commence la dernière étape de l'histoire du monde, qui doit aboutir à l'accomplissement définitif de l'univers. Dieu reprend l'orientation des choses. Il est, Lui, la révélation ultime et c'est l'Esprit qui va opérer cette œuvre, en paroles et en actes (Lc 24:19); Mc 1:27; 1 Thes 1:5). Le Christ, porteur de l'Esprit, après avoir été annoncé par Jean le Baptiste - le prophète qui lui a préparé la voie, l'Elie promis (Mal 3:23; Mt 11:14) - est le messager définitif de Dieu qui, en lui et par lui, prononce sa dernière Parole, dans des œuvres puissantes et dans une annonce pleine d'autorité (Mt 11:5s).
La Basileia, c'est la puissance agissante de Dieu dans le monde, par Jésus, sous l'impulsion de l'Esprit. C'est la manifestation achevée de Dieu, dans l'éclat de sa puissance et de sa gloire. Regnum Dei Deus est.
Donc, "dès maintenant", un nouveau peuple de Dieu est en marche:
1. ses destinataires: ce sont tous ceux que le prophète Esaïe a mentionnés en Es 61:1: "les anawim", c'est-à-dire les courbés, ceux qui plient l'échine devant tous les pouvoirs et oppressions spirituelles ou sociales qui les accablent.
Pour Jésus, ce sont tous ceux qui ploient sous le fardeau de l'injustice (comparer Mt 5:3 et Lc 6:20s): les pécheurs-types que sont les publicains et les prostituées (Mt 21:31), les violent usurpateurs du Royaume (Mt 11:22), la racaille qui ignore la loi, les déclassés, les marginaux sociaux, les exclus.
2. les signes de cette venue des temps nouveaux et derniers: la clarté retrouvée pour les aveugles, l'audition pour les soursds, la jubilation pour les muets, la motilité pour les paralysés: c'est le temps de la rédemption (Lc 7:22)
3. l'expérience du royaume:
- le pardon ou la remise de dettes (Mt 18:23-35; Lc 7:41-43; Lc 15:11-32).
- la communauté de table avec les pécheurs (2 R 25:27-30; Mc 2:15; Lc 15:2): prémices du festin de salut des derniers temps (Mt 8:11).
Conclusion: l'annonce de la "grande nouvelle" suscita une tempête de protestations dans les milieux pharisiens. Il y eut une hiérarchie graduelle dans leur refus:
- incompréhension (Lc 15:29); - révolte (Lc 15:2; 19:7; Mt 20:11); - injures (Mt 11:19; Lc 7:34); -accusation de blasphème (Mc 2:7); - sommation aux disciples de se séparer de ce séducteur (Mc 2:16).
Mais elle a en même temps suscité, depuis deux mille ans, des milliers de disciples et de témoins qui, vaille que vaille, ont marché sur les pas de Jésus, changé de vie pour transformer la vie, attesté que l'Evangile valait la peine d'être vécu, accueilli le Règne de Dieu et donné espoir à tous ceux que la vie avait meurtris.