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N°43
Novembre 2003


"Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité".
Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Article premier

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Les rédacteurs, pour condamner les systèmes politiques de l'Ancien Régime, pour éliminer tout risque de retour aux criantes inégalités entre individus et classes sociales qui caractérisaient ce passé honni où régnaient le pouvoir arbitraire, les privilèges insolents et toute forme d'esclavage ou de servage, ont inscrit l'égalité comme le droit premier de tous.

Ce droit découle du fait que chaque être humain est un être unique, une personne à nulle autre identique. En outre, chaque homme fait partie de la communauté humaine mondiale qui est une et dont tous sont solidaires du fait même de leur appartenance native à cette communauté sans frontières. Que les uns soient blancs, jaunes, noirs ou verts, qu'ils soient grands ou petits, intelligents ou débiles, riches ou clochards, tous vivent, différents, sur la même et unique planète et tous peuvent se réclamer légitimement d'un ancêtre commun, d'une commune nature humaine et donc de l'appartenance de droit à la grande famille des êtres libres et égaux en dignité. En chacun vit toute l'humanité. En Abraham ont été bénies toutes les nations de la terre. En Christ, tous les humains sont destinés à former l'unique peuple de Dieu. Par l'Eglise, peuple de l'universel, tous les hommes sont appelés à entendre le message évangélique et à en vivre. Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, une seule humanité, une seule famille ouverte à tous les enfants de Dieu.

Au nom de cette égalité universelle, chaque être humain a droit au respect et cette revendication est d'autant plus forte qu'elle est réclamée par ceux qui se trouvent au bas de l'échelle sociale. De nombreux pays du Tiers-Monde, victimes de la misère, du chômage, de l'exploitation insensée de leurs ressources et de leurs richesses, ne croient pas aux mirages de la civilisation occidentale ni à la prétendue supériorité culturelle ou scientifique des pays riches. Ils rejettent toute les formes d'arrogance politique qui prétendraient leur imposer des modes de vie ou de raisonnement qui ne respecteraient pas les valeurs et les traditions de leurs cultures propres.

Au nom de l'égalité, nul ne saurait tolérer le système établi et florissant du passe-droit dans nos sociétés de nantis. Chacun a droit aux mêmes marques de respect, à la même considération humaine, au même traitement social devant la loi, l'impôt et la fiscalité, aux mêmes possibilités d'accéder aux charges publiques, aux fonctions administratives, aux privilèges souvent réservés aux gens du même monde, comme on dit. On entend par là les gens dont la raison d'exister est le culte de l'argent et du profit et qui se battent bec et ongle, jusqu'à y perdre le sens, pour défendre leurs intérêts et leurs droits acquis.

Au nom de l'égalité, chacun a droit à être reconnu dans sa différence, dans sa singularité personnelle ou dans son appartenance à une collectivité: si chaque homme est un être unique et irremplaçable, si chaque région du monde a ses particularismes ethniques, tous ont droit à la fois au respect de leur identité sociale et de leur diversité culturelle ou religieuse.

Au nom de l'égalité, tous les citoyens ont droit au respect par tous de leur vie privée. Ce droit a déjà fait l'objet d'une importante action législative, allant du secret du courrier postal au secret professionnel (médical ou autre) et à celui, absolu, de la confession, du respect de la vie privée par les medias et les concitoyens, de la nécessité en même temps d'assurer la sécurité publique, de lutter contre le terrorisme ou la délinquance et donc de faire éventuellement l'objet d'enquêtes, de contrôles d'identité, de vérifications de papiers etc...Il faut pouvoir concilier les droits découlant de la vie privée et ceux relevant de l'ordre public.

Au nom de l'égalité, tout citoyen a droit au respect des règles du savoir-vivre-ensemble et de la politesse, qui est la distinction caractéristique des gens qui vivent dans la cité. La politesse, l'urbanité, la civilité se traduisent dans les faits par l'élégance que l'on met à traiter autrui avec délicatesse, par des paroles amènes, par des marques spontanées d'affabilité et de déférence. Se mettre à plat ventre devant les puissants n'est pas difficile; ils en rient d'ailleurs les premiers et s'en moquent tout en vous prenant pour un crétin. Mais parler délicatement à un bon à rien, comme on dit, lui tenir la porte, le saluer, le féliciter pour une qualité perçue, lui offrir sa place dans le bus, l'aider à porter un bagage, lui dire merci pour son sourire, que sais-je, c'est bien plus difficile et ingrat. Mais ce sont-là des marques de courtoisie qui relèvent du droit de tous à recevoir d'autrui respect lié à leur dignité d'homme et de citoyen, voire, pour les chrétiens, de frère.

camille-paul cartucci, metz

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Colombe de la paix


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