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N°37
Février 2003


b) l'arbre dans la Bible :                 camille paul cartucci, metz

L'arbre exerce une fascination mythique sur l'imaginaire israélite. Signe de puissance et de force vitale, il annonce à chaque printemps la renaissance de la nature. Abattu ou brûlé, sa souche demeure et donne des rejets de survie, alors qu'on la croyait définitivement inerte. Dans le désert, l'arbre indique les lieux où se trouvent des sources d'eaux vives. Son ombrage protège du soleil brûlant. Ses fruits assurent la nourriture des humains. Sa verdeur permanente est un défi au temps qui passe. L'homme juste, comparé à un arbre verdoyant, est un être comblé de la bénédiction divine.

La terre d'Israël, ruisselante de lait, de miel, est une terre de rêve, un "beau pays, irrigué par des torrents et des sources, un pays où poussent le blé et l'orge, la vigne, le figuier, le grenadier et l'olivier, un pays où l'on ne manque de rien" (Dt 8:8-9; Aggée 2:19).

1. Un pays de vignes, de figuiers et de grenadiers (registre de l'alimentation):

a) la vigne est le premier arbre cultivé, le premier signe de la civilisation après la destruction de l'humanité par le déluge : Noé fut le premier cultivateur à planter une vigne à la sortie de l'arche (Gn 9:20) et le premier ivrogne de l'histoire. Quand Moïse, sur l'ordre de Dieu, envoya des hommes explorer la terre de Canaan, il les chargea de rapporter des produits du pays, car "c'était l'époque des premiers raisins". Ils rapportèrent donc un sarment de vigne avec une grappe de raisin, ainsi que des grenades et des figues" (Nb 13:17-24). Plante produit de l'équilibre entre la terre, l'eau et le feu du soleil, la vigne est signe de paix et de prospérité (2 R 18:31), symbole de la fertilité du sol (Am 9:13: les montagnes suinteront de jus de raisin") et de la fécondité de celui qui craint Dieu ("Son épouse sera une vigne fructueuse au coeur de la maison" Ps 128:3). Associée au figuier, elle fut en Israël l'attestation par excellence de la bénédiction de Dieu pour son peuple: "Juda et Israël habitèrent en sécurité, chacun sous sa vigne et sous son figuier, depuis Dan jusqu'à Bersabée, pendant toute la vie du roi Salomon" (1 R 5:5). Bonheur et joie qu'on retrouvera aux temps messianiques.

b) le figuier: deuxième arbre cité par la Bible après "l'arbre de la connaissance", ses larges feuilles donnent beaucoup d'ombre et permirent à Adam et Eve d'en faire des pagnes pour cacher leur nudité "(Gn 3:7). Le figuier est un arbre dont les feuilles poussent tard dans le printemps et dont les fruits(figues-fleurs) suivent immédiatement les feuilles; il fructifie deux fois par an: une première fois en juin pour donner la figue précoce (bikkurah) qui a passé l'hiver sur l'arbre et une deuxième fois fin août, pour donner la figue tardive (tehenah). Il assure à l'habitant du "bon pays", en paix avec Dieu, le bonheur tranquille de "celui qui est assis à l'ombre de son figuier et de sa treille, sans personne pour l'inquiéter"(Mi 4:3-4). A contrario, le pire malheur, c'était de voir un envahisseur "dévaster la vigne et le figuier" (Os 2:14) et détruire d'un seul coup l'harmonie paisible de tout un peuple: "Un ennemi puissant est monté contre le pays; il a fait de ma vigne un désert; il a réduit en pièces mon figuier" (Jl 1:6-7).

c) le grenadier: c'est un arbuste épineux à fleurs rouge vif; il pousse dans les zones arides et va chercher l'eau assez loin. Son fruit est la grenade, une baie ronde de la grosseur d'une pomme ou d'une orange, à saveur aigre-douce, très rafraîchissante, exquise au palais, renfermant de nombreux pépins entourés d'une pulpe rouge, et dont on fait une liqueur (Ct 8:2). Le Cantique des Cantiques a comparé les pommettes de la jeune fille à des "tranches de grenade" (Ct 4:3).

2. Un pays d'oliviers et de palmiers (producteurs d'huile):

a) l'olivier: c'est le premier arbre cité après le déluge (Gn 8:11). Symbole de la fin des hostilités, il est devenu le signe de la paix retrouvée et de la richesse (Dt 6:10-12).
Les Hébreux en faisaient la récolte en en secouant les branches ou en en frappant les branches avec un long bâton. Les olives, broyées, étaient pressées dans des mortiers pour donner la première huile, celle qui était versée dans les lampes du sanctuaire (Ex 27:20). Foulées au pressoir creusé dans le roc ou formé de deux grosses pierres, les olives donnaient une huile de second choix, moins pure, utilisée pour les usages domestiques. Le bois d'olivier servait à l'ébénisterie; l'huile d'olive servait dans l'alimentation, pour l'éclairage, les onctions, les sacrifices, le commerce d'exportation. Le méchant est comparé à un olivier dont les fleurs tombent avant l'heure sans produire de fruits. Les enfants d'un homme comblé par Dieu ressemblent à des plants d'olivier à l'entour de la table (Ps 128:3). La sagesse comme la prospérité promises à un Israël fidèle sont comparées à un bel olivier, aux feuilles toujours vertes, au milieu de la plaine (Ps 52:10; Os 14:7).

b) le palmier: sa beauté, sa robustesse et sa prestance en font un symbole du juste (Ps 92:13).

3. Un pays de cèdres et d'acacias (bois d'ornementation):

a) le cèdre: c'était un conifère magnifique, majestueux et précieux, plantation du Seigneur, symbole du juste et fierté du Liban, matériau du palais royal et du temple divin.

b) l'acacia: poussant en zone semi-aride, son bois léger, dur et imputrescible servit à la confection de l'arche d'alliance au Sinaï et du mobilier intérieur du Temple (arche, tables d'encens).

Le sort des arbres: avoir germé, avoir poussé, avoir grandi et vu passer les saisons, se lever et se coucher le soleil; avoir abrité des hommes, réjoui des regards; avoir veillé sur le paysage nuit et jour; avoir supporté la solitude d'un coin de terre et d'un seul sans voyager jamais; avoir fait naître des milliers et des milliers de feuilles rendues chaque année à la terre; avoir entendu, au loin, les passages de l'Histoire; avoir fait tout cela et médité sous la lune, ce ne serait rien ?Tout le malheur de l'homme, au fond, vient de son incapacité à supporter l'idée qu'il pourrait n'avoir été, sur cette terre, qu'un arbre momentané.


Il était une fois....un vendeur d'eau qui se rendait chaque matin à la rivière, qui remplissait ses deux cruches et qui repartait vers la ville distribuer cette eau à ses clients. Fêlée, une des cruches perdait son eau. Toute neuve, l'autre rapportait plus d'argent. La pauvre fêlée se sentait inférieure. Un matin, elle décida de se confier à son patron: "Tu sais, je suis consciente de mes limites. Tu perds de l'argent à cause de moi, car je suis à moitié vide quand nous arrivons en ville. Pardonne mes faiblesses". Le lendemain, en route vers la rivière, le patron interpella sa cruche fissurée: "Regarde sur le bord de la route.." - "C'est joli et plein de fleurs" dit la fêlée. - "C'est grâce à toi, répliqua le patron. C'est toi qui, chaque matin, arroses le bas-côté de la route. J'ai acheté un paquet de graines de fleurs et je les ai semées le long du chemin. Et toi, sans le savoir et sans le vouloir, tu les as arrosées chaque jour. Ne l'oublie jamais: nous sommes tous un peu fêlés sur les bords mais, si nous le lui demandons, Dieu sait faire des merveilles inédites avec nos faiblesses reconnues". 
Récit transmis par Marie-Claire.


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