N°25 |
Reprendre la route. camille paul cartucci, metz.
Nous vivons dans un
monde post-moderne en pleine mutation, monde où ce ne sont pas les réponses
qui manquent, mais où ce sont les questions qui ont disparu. Nous savons que
demain, les hommes vivront dans une société où les retraités seront de plus
en plus jeunes, les étudiants de plus en plus vieux, les congés de plus en
plus longs et la durée du travail de plus en plus courte. Nous savons aussi que
demain, les chrétiens vivront en diaspora parmi les hommes. Il n'y aura plus de
ces peuples massifs de catholiques qui marqueront chaque enfant, dès avant sa
naissance, d'une empreinte chrétienne. Les chrétiens formeront
véritablement le "petit troupeau" de l'Evangile,
tantôt respecté, tantôt méprisé, tantôt simplement ignoré. Ils se
rassembleront autour de la Table du Seigneur, partageant sa Parole, mettant en
commun leurs biens et annonçant la mort et la résurrection de Jésus, jusqu'à
ce qu'Il vienne. Ils se donneront en vérité le nom de frères et de sœurs. La
fonction hiérarchique sera celle, réelle, du service fraternel et ne
s'entourera plus de faste ostentatoire ni de fumée d'encens; elle n'en sera que
plus libre. Dans la société pluraliste où les médias imposeront de manière
lancinante leur vision insipide du monde, les chrétiens ne pourront plus
transmettre leur message qu'à voix basse et plus personne ne sera ébloui par
la splendeur de leur vérité. En plein midi, ils iront tâtonnant comme des
aveugles marchant dans l'obscurité, selon
Esaïe 59:10.
On connaît ce trait perfide de Diderot, dans Additions VIII,
disant que sa vie ressemblait à celle d'un voyageur perdu dans une forêt
immense pendant la nuit et il ajoutait: "Je n'avais qu'une petite lumière
pour me conduire. Survint un inconnu qui me dit: "Mon ami, souffle la
chandelle pour mieux trouver ton chemin. Cet inconnu était un
théologien".
Mais ce temps-là est révolu. Demain, de plus en plus, si la
foi est l'intelligence de l'invisible, la théologie exercera une fonction
pastorale et sera au service d'un acte édifiant de la communauté.
Elle ne pourra plus être un discours scolastique agitant des
concepts abstraits pour cerner un Dieu métaphysique qui sait tout, qui voit
tout, qui entend tout, qui se mêle indiscrètement de tout, mais qui n'existe
nulle part. Elle sera la contemplation d'un Dieu qui se définit par ce qu'Il
fait pour l'humanité par son peuple qu'Il appelle l'Eglise. Ce Dieu des
croyants et des pratiquants est Celui d'Abraham, de Moïse, d'Elie, d'Esaïe, du
Serviteur, du Fils de l'Homme, des Pauvres de Jahwé, de Jésus. C'est Celui qui
fait grandir l'homme en lui donnant un monde à construire, une parole à
annoncer, un guéret à ensemencer, une vigne à cultiver. Puissent les
croyants, les théologiens et les témoins être en connexion avec les questions
que pose la gestation de ce nouveau monde que l'Ecriture appelle le Royaume des
Cieux. L'Eglise, dans ces temps futurs, sera chargée plus que jamais de "veiller sur" le monde et sur l'Evangile,
de pratiquer cette belle vertu des hommes qui cheminent dans le temps et qui est
la vertu épiscopale par excellence, je voulais parler de la vigilance. Elle se
souviendra du mot pertinent de Roger Schutz, l'homme juste de Taizé: "Nous
voulons être des hommes à l'écoute, jamais des maîtres spirituels ni des
maîtres à penser".
L'heure est donc venue de reprendre la route de ces temps
nouveaux: le Père nous y appelle, le Christ nous y accompagne, l'Esprit nous y
précède, l'Eglise nous y envoie, le Monde nous y attend.
Nous ne formons jamais qu'une seule humanité qui, par des
chemins différents, mais convergents, marche vers le même Royaume que Dieu a
préparé pour tous les hommes dès avant la fondation du monde.
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Le PSAUME 104 (103)
Le Livre des "Louanges" ou "Psaumes" contient 150
poèmes uniques au monde. Ces poèmes ont été répartis par les chercheurs en
trois grandes familles: les psaumes de louange, les psaumes de supplication et
les psaumes d'instruction.
Les psaumes de louange ont en général une structure simple:
- une introduction qui est une invitation à la louange lancée à toute la
terre; - un développement qui donne les motifs de la louange; - une conclusion
qui est une invitation renouvelée à chanter la gloire de Dieu.
Parmi les psaumes de louange se détache le psaume-diamant du
psautier, le Psaume 104 (103). Il est une hymne à la gloire du Créateur de
l'univers et des merveilles de la création.
On peut le segmenter en 8 tableaux ou strophes. Ils nous
serviront de thème de réflexion et de prière tout au long de l'année.
Strophe n°1 Ps 104 (103) v. 1 à 4:
Verset 1: ouverture:
"Seigneur mon Dieu, tu es infiniment grand,
tu es revêtu de splendeur et d'éclat. Je veux te chanter de tout mon
être".
Ce verset est comme le prélude d'un oratorio; il donne le
ton à tout le psaume: il annonce l'émerveillement enthousiaste qu'éprouve le
psalmiste devant la magnificence du Dieu Vivant et devant la munificence de sa
création.
Il invite l'orant à contempler le Dieu qui a fait, à partir
de rien, "le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve" (Ac
14:15) et qui a établi toute chose avec liberté,
"nombre, poids et mesure" (Sg
11:20).
Il invite les humains à chanter le cantique
des créatures qui ont toutes reçu de Lui "la
vie, le mouvement et l'être" (Ac
17:28).
Voilà pourquoi il est grand, infiniment grand, au-dessus des
dieux, de tous les dieux.
Versets 2 à 4:
v.2 "tu es enveloppé de lumière comme d'un
manteau
tu déploies les cieux comme une tente".
v.3 tu bâtis sur les eaux tes chambres hautes;
tu fais des nuées ton char,
tu t'avances sur les ailes du vent.
v.4 tu prends les vents pour messagers,
pour serviteur le feu de la foudre".
Toute la majesté divine s'exprime par la lumière, élément
essentiel du cosmos, dont Dieu fit son vêtement d'apparat princier.
Tout l'éclat de la gloire divine se manifeste dans l'œuvre
qu'il a faite aux origines pour révéler son Nom: il a mis en ordre le chaos
primitif en en maîtrisant les forces contradictoires; il a organisé l'espace
céleste pour en faire une résidence impériale, avec ses salles d'honneur, ses
tissus précieux, sa charrerie, ses dignitaires, ses ambassadeurs.
Toute l'étendue de sa puissance se mesure à la force
libérée par les énergies cosmiques de la tempête, de la foudre, du feu
redoutable, des vents déchaînés.
Les Hébreux distinguaient 4 espèces de vents qui
correspondaient aux 4 points cardinaux: - le vent du nord (aquilon), froid et
violent, c'est celui qui amène les frimas, la pluie et même la gelée; - le
vent d'est, le brûlant, c'est le vent dominant; c'est celui qui arrive du
désert, qui dessèche la végétation et qui apporte les sauterelles de la
dévastation; - le vent du sud (autan), souvent orageux, c'est celui qui fait
exhaler les parfums des fleurs et apporte les cailles au désert; - le vent
d'ouest, c'est celui qui apporte la pluie en Palestine et remporte les
sauterelles.
Le vent porte et réalise les messages divins. Créature de Dieu,
il participe comme toutes les créatures, aux chœurs angéliques de la symphonie
du Nouveau Monde.