N°25
Octobre 2001


Reprendre la route.                                           camille paul cartucci, metz.

Nous vivons dans un monde post-moderne en pleine mutation, monde où ce ne sont pas les réponses qui manquent, mais où ce sont les questions qui ont disparu. Nous savons que demain, les hommes vivront dans une société où les retraités seront de plus en plus jeunes, les étudiants de plus en plus vieux, les congés de plus en plus longs et la durée du travail de plus en plus courte. Nous savons aussi que demain, les chrétiens vivront en diaspora parmi les hommes. Il n'y aura plus de ces peuples massifs de catholiques qui marqueront chaque enfant, dès avant sa naissance, d'une empreinte chrétienne. Les chrétiens formeront véritablement le "petit troupeau" de l'Evangile, tantôt respecté, tantôt méprisé, tantôt simplement ignoré. Ils se rassembleront autour de la Table du Seigneur, partageant sa Parole, mettant en commun leurs biens et annonçant la mort et la résurrection de Jésus, jusqu'à ce qu'Il vienne. Ils se donneront en vérité le nom de frères et de sœurs. La fonction hiérarchique sera celle, réelle, du service fraternel et ne s'entourera plus de faste ostentatoire ni de fumée d'encens; elle n'en sera que plus libre. Dans la société pluraliste où les médias imposeront de manière lancinante leur vision insipide du monde, les chrétiens ne pourront plus transmettre leur message qu'à voix basse et plus personne ne sera ébloui par la splendeur de leur vérité. En plein midi, ils iront tâtonnant comme des aveugles marchant dans l'obscurité, selon Esaïe 59:10.
On connaît ce trait perfide de Diderot, dans Additions VIII, disant que sa vie ressemblait à celle d'un voyageur perdu dans une forêt immense pendant la nuit et il ajoutait: "Je n'avais qu'une petite lumière pour me conduire. Survint un inconnu qui me dit: "Mon ami, souffle la chandelle pour mieux trouver ton chemin. Cet inconnu était un théologien".
Mais ce temps-là est révolu. Demain, de plus en plus, si la foi est l'intelligence de l'invisible, la théologie exercera une fonction pastorale et sera au service d'un acte édifiant de la communauté.
Elle ne pourra plus être un discours scolastique agitant des concepts abstraits pour cerner un Dieu métaphysique qui sait tout, qui voit tout, qui entend tout, qui se mêle indiscrètement de tout, mais qui n'existe nulle part. Elle sera la contemplation d'un Dieu qui se définit par ce qu'Il fait pour l'humanité par son peuple qu'Il appelle l'Eglise. Ce Dieu des croyants et des pratiquants est Celui d'Abraham, de Moïse, d'Elie, d'Esaïe, du Serviteur, du Fils de l'Homme, des Pauvres de Jahwé, de Jésus. C'est Celui qui fait grandir l'homme en lui donnant un monde à construire, une parole à annoncer, un guéret à ensemencer, une vigne à cultiver. Puissent les croyants, les théologiens et les témoins être en connexion avec les questions que pose la gestation de ce nouveau monde que l'Ecriture appelle le Royaume des Cieux. L'Eglise, dans ces temps futurs, sera chargée plus que jamais de "veiller sur" le monde et sur l'Evangile, de pratiquer cette belle vertu des hommes qui cheminent dans le temps et qui est la vertu épiscopale par excellence, je voulais parler de la vigilance. Elle se souviendra du mot pertinent de Roger Schutz, l'homme juste de Taizé: "Nous voulons être des hommes à l'écoute, jamais des maîtres spirituels ni des maîtres à penser".

L'heure est donc venue de reprendre la route de ces temps nouveaux: le Père nous y appelle, le Christ nous y accompagne, l'Esprit nous y précède, l'Eglise nous y envoie, le Monde nous y attend.
Nous ne formons jamais qu'une seule humanité qui, par des chemins différents, mais convergents, marche vers le même Royaume que Dieu a préparé pour tous les hommes dès avant la fondation du monde.
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Le PSAUME 104 (103)

Le Livre des "Louanges" ou "Psaumes" contient 150 poèmes uniques au monde. Ces poèmes ont été répartis par les chercheurs en trois grandes familles: les psaumes de louange, les psaumes de supplication et les psaumes d'instruction.
Les psaumes de louange ont en général une structure simple: - une introduction qui est une invitation à la louange lancée à toute la terre; - un développement qui donne les motifs de la louange; - une conclusion qui est une invitation renouvelée à chanter la gloire de Dieu.
Parmi les psaumes de louange se détache le psaume-diamant du psautier, le Psaume 104 (103). Il est une hymne à la gloire du Créateur de l'univers et des merveilles de la création.
On peut le segmenter en 8 tableaux ou strophes. Ils nous serviront de thème de réflexion et de prière tout au long de l'année.

Strophe n°1 Ps 104 (103) v. 1 à 4:

Verset 1: ouverture: "Seigneur mon Dieu, tu es infiniment grand, tu es revêtu de splendeur et d'éclat. Je veux te chanter de tout mon être".
Ce verset est comme le prélude d'un oratorio; il donne le ton à tout le psaume: il annonce l'émerveillement enthousiaste qu'éprouve le psalmiste devant la magnificence du Dieu Vivant et devant la munificence de sa création.
Il invite l'orant à contempler le Dieu qui a fait, à partir de rien, "le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve"
(Ac 14:15) et qui a établi toute chose avec liberté, "nombre, poids et mesure" (Sg 11:20).
Il invite les humains à chanter le cantique
des créatures qui ont toutes reçu de Lui "la vie, le mouvement et l'être" (Ac 17:
28).
Voilà pourquoi il est grand, infiniment grand, au-dessus des dieux, de tous les dieux.

Versets 2 à 4:
v.
2 "tu es enveloppé de lumière comme d'un manteau
tu déploies les cieux comme une tente".
v.3
tu bâtis sur les eaux tes chambres hautes;
tu fais des nuées ton char,
tu t'avances sur les ailes du vent.
v.4
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteur le feu de la foudre".


Toute la majesté divine s'exprime par la lumière, élément essentiel du cosmos, dont Dieu fit son vêtement d'apparat princier.
Tout l'éclat de la gloire divine se manifeste dans l'œuvre qu'il a faite aux origines pour révéler son Nom: il a mis en ordre le chaos primitif en en maîtrisant les forces contradictoires; il a organisé l'espace céleste pour en faire une résidence impériale, avec ses salles d'honneur, ses tissus précieux, sa charrerie, ses dignitaires, ses ambassadeurs.
Toute l'étendue de sa puissance se mesure à la force libérée par les énergies cosmiques de la tempête, de la foudre, du feu redoutable, des vents déchaînés.

Les Hébreux distinguaient 4 espèces de vents qui correspondaient aux 4 points cardinaux: - le vent du nord (aquilon), froid et violent, c'est celui qui amène les frimas, la pluie et même la gelée; - le vent d'est, le brûlant, c'est le vent dominant; c'est celui qui arrive du désert, qui dessèche la végétation et qui apporte les sauterelles de la dévastation; - le vent du sud (autan), souvent orageux, c'est celui qui fait exhaler les parfums des fleurs et apporte les cailles au désert; - le vent d'ouest, c'est celui qui apporte la pluie en Palestine et remporte les sauterelles.

Le vent porte et réalise les messages divins. Créature de Dieu, il participe comme toutes les créatures, aux chœurs angéliques de la symphonie du Nouveau Monde.

Erbalunga


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