N°21
Mars 2001


DAVID, l'enfant chéri de Dieu camille paul cartucci

Il y avait une fois, à la cour du roi Saül, un jeune guerrier qui résidait à Gibéa, à une dizaine de km au nord de Bethléem, dont il était originaire. Il s'appelait David. Ses talents de cithariste, non moins que ses exploits miliaires, attiraient sur lui une popularité croissante et les faveurs du roi qui fit de lui le chef de sa garde personnelle. Il obtint d'épouser une fille de Saül, Mikal, et apprit là son futur métier de roi. Mais Saül ne tardera pas à prendre ombrage des succès de son gendre au point de se résoudre à le tuer (1 S 18:6-11). David, averti par sa femme, eut juste le temps de prendre la fuite. Il vivra pendant des années hors la loi, en dissidence. Il sera alors le chef d'une bande de 400 hommes qui comprenait tous ceux "qui avaient de mauvaises affaires" (1 S 22:2). Il vivra de razzias, errant de vallée en vallée, de cavernes en citadelles, de douars nomades en repaires désertiques. Finalement il devra demander refuge aux Philistins, les pires ennemis d'Israël. Mais par une politique habile, il servira, plus que les Philistins, les cheiks de Juda avec qui il partage les fruits de ses pillages.

Il ne participera pas à la guerre entre Israélites et Philistins qui aboutit, au nord de la Palestine, à Gelboé, à l'un des plus grands désastres qu'ait connus le peuple élu. Saül et son fils Jonathas ont péri dans la défaite. Effondré devant l'étendue du désastre et devant les morts du roi et de l'ami, oubliant tous les torts de son beau-père, il composera la magnifique élégie que l'on appela "le chant de l'arc" et que l'on apprit aux enfants des écoles (2 S 1:17s).

Dans le désarroi qui suivit le désastre de Gelboé, un fils de Saül (Ishbosheth ou Ishbaal) se fait proclamer roi de Transjordanie, tandis que David se fait élire roi du Sud à Hébron, nécropole des grands ancêtres et position-clé à l'orée du désert.

David a une trentaine d'années. Pendant 7 années, guerroyant avec ses preux et usant de diplomatie, il organise son royaume. Deux assassinats qu'il réprouvera, celui du chef de l'armée d'Ishbosheth et celui d'Ishboseth lui-même (2 S 3:28-4:9-12). conduisent à Hébron les cheikhs du Nord qui voient leur pays livré à l'anarchie et viennent offrir la couronne à David.

David devient roi de tout Israël. Il s'empare avec ses preux de la forteresse de Jérusalem, réputée imprenable (2 S 5:6 : Un proverbe disait qu'une troupe de boiteux et d'aveugles suffisait à la défendre). Les preux s'introduisirent dans la place par le tunnel qui reliait à l'acropole une source près du lit du Cédron. David fait de cette ville dont aucune tribu n'avait encore réussi à s'emparer la capitale des 12 tribus et le symbole de leur union. Il fera de Jérusalem la capitale politique et religieuse du pays, en y introduisant l'arche d'alliance reconquise sur les Philistins. L'entrée de l'Arche se fit au cours d'une cérémonie grandiose, où David lui-même danse et saute avec la foule (2 S 6)(lire Ps 24).

A Jérusalem, David se construisit aussi un Palais. Sur l'intervention du prophète Nathan, il renonça à construire un temple. Jahwé, Dieu d'un peuple nomade, continuera sous la tente et l'arche accompagnera les Israélites dans leurs campagnes. En revanche, Dieu promet à David de faire de lui, à jamais, une "maison royale" (2 S 7).

C'est l'apogée du règne. Mais déjà les ombres s'amoncellent. L'adultère de David en est une première ombre (2 S 11). Les opérations de recensement inquiètent les nomades qui n'avaient jamais vu compter que les esclaves et les troupeaux. Les mesures fiscales sont impopulaires (2 S 24). Absalom, fils aîné de David depuis le meurtre d'Amnom, prépare lentement la révolte, la déclenche et se fait proclamer roi à Hébron. David s'enfuit en Transjordanie (2 S 15-19). Heureusement il peut rassembler des guerriers assez valeureux pour infliger une défaite aux troupes plus nombreuses d'Absalom. David revient alors à Jérusalem.

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Il était une fois..........un marcheur sur la plage qui, au soir de sa vie, avant de s'engloutir dans l'océan de Dieu, se retourna et vit sur le sable l'empreinte de ses pas.

Chacun de ses pas était un jour de sa vie et ils étaient tous là, aussi loin que pouvait monter son regard. Il les compta et les reconnut, les jours de joie et les jours d'angoisse, les pas assurés et ceux qui trébuchaient. Du plus loin qu'il ait pu regarder, à côté de ses traces s'imprimait une trace jumelle qui le suivait jusqu'à son dernier pas. C'étaient les pas de Dieu qui marchait côte à côte comme il l'avait promis, comme un père accompagne son enfant tout au long de sa vie. Et comme il regardait ce long ruban de traces parallèles, il lui sembla voir qu'à certains endroits, il se rétrécissait et que seulement une empreinte se lisait dans le sable. C'était l'empreinte des jours les plus noirs, ces jours de larmes, de souffrance et de deuil, lorsqu'on se sent seul et abandonné. "Seigneur avait-il crié, où étais-tu lorsque j'ai tant pleuré ? Pourquoi ne marchais-tu pas alors à mes côtés ?" Et le Seigneur lui avait répondu: "Mon enfant bien-aimé, l'unique trace que tu vois est la mienne, car à ces moments-là, moi je te portais dans mes bras".

"Si la religion, les religions ont un sens, c'est de libérer le fond de bonté des hommes, d'aller le chercher là où il est complètement enfoui. Or ici, à Taizé, je vois des irruptions de bonté dans la fraternité entre les membres de la communauté, dans leur hospitalité tranquille, discrète, et dans la prière. Nous sommes accablés par les discours et les polémiques. Nous sommes issus de la civilisation qui a tué Dieu, c'est-à-dire qui a fait prévaloir l'absurde et le non-sens sur le sens. Il nous faut des témoins qui nous exhortent à chanter l'hymne fondamental de la bonté. Et il y a une théologie cachée, discrète, dans la liturgie qui se résume dans cette idée que la loi de la prière, c'est la loi de la foi" (Paul Ricoeur).

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