N°17 |
Ils se firent des dieux à leur image* camille paul cartucci
Le signe de la création pouvait objectivement manifester l'existence du Dieu Créateur et de sa Providence aimante envers l'homme et la nature.
En fait, laissant le signe pour la réalité signifiée, les humains n'ont pas su lire l'invisible: "Partant des biens visibles, ils n'ont pas été capables de connaître Celui qui est, pas plus qu'ils n'ont reconnu l'Artisan en considérant ses œuvres" (Sg 13:1).
C'est alors qu'ils se firent des dieux à leur image: "C'est le feu, le vent, l'air rapide, la voûte étoilée, l'eau impétueuse, les luminaires du ciel, qu'ils ont considérés comme des dieux gouverneurs du monde". (Sg 13:2).Charmés par leur beauté et par les apparences, ils les ont pris pour des dieux, oubliant ou refusant de voir derrière ces réalités le Maître et l'Etre puissant qui les avait créés.
Ils les adorèrent
Envoûtés par les images sculptées qu'ils avaient fabriquées, ils se prosternèrent devant elles. Ils n'eurent pas honte d'adresser la parole à ces statuettes muettes. Ils recherchaient la vie; ils s'adressaient à des choses inanimées. Ils voulaient guérir; ils invoquaient des objets inertes. Ils voulaient connaître le futur; ils s'adressaient à des fétiches inconsistants. Au lieu d'adorer le Créateur de toutes choses, ils adoraient des produits de substitution faits de mains d'homme, des images défigurées de ce qu'ils cherchaient. Faisant cela, ils devenaient les esclaves de ce qu'ils avaient inventé. Leur culte devenait une aliénation de leur liberté.
Ils les conjurèrent
L'idolâtrie appelle la magie, qui est l'effort pour prendre au piège les puissances divines de telle sorte que celles-ci soient contraintes de servir l'homme. C'est l'art d'obtenir, par certains procédés (paroles, gestes, actes, objets auxquels on attribue des vertus mystérieuses, dans des conditions données, secrètes, connues uniquement par le sorcier ou le magicien), des résultats qui sont par ailleurs inaccessibles par des procédés rationnels ou techniques. La magie cherche à assujettir à la volonté humaine des forces qui la dépassent et qu'elle veut conjurer et domestiquer. C'est la peur qui amena l'homme à se fier aux présages, aux conjureurs de sort, au pouvoir des esprits. On manipula à sa guise les dieux de pierre ou de paille pour s'attirer leur bienveillance et leur protection; on multiplia les incantations et on attendait que ces dieux au rabais exaucent les invocations des sorciers, comme par enchantement.
Ils les multiplièrent
La divinité pouvait paraître tellement lointaine et tellement coupée de la vie de tous les jours que l'homme s'en détourna pour se donner des dieux à la fois proches et aussi nombreux que ses craintes et tremblements. Il se créa ainsi un panthéon disparate de divinités inférieures auxquelles on pouvait s'adresser sans risque pour se les rendre propices. Chaque ethnie ou tribu avait ainsi ses dieux protecteurs, redoutés, nombreux, souvent rivaux, ses rites d'initiation, ses rituels cultuels, etc. De quoi briser l'unité de l'humanité en mille morceaux.
Ils les utilisèrent
La superstition, née des croyances à ces forces invisibles et indomptables, s'est surtout développée chez les montagnards qui vivent isolés dans les solitudes sauvages et dans les maquis. Elle se définit comme un recours à des interprétations, des gestes, des paroles ou des procédés qui entraînent, de manière occulte et automatique, des conséquences bonnes ou mauvaises pour celui qui y croit, un comportement quotidien différent et rassurant pour lui. On en connaît de multiples exemples:
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Le MAL
Le mal est une énigme, car sa source est introuvable et intarissable. Elle sourd de partout. Qui lui a donné naissance ?
Le mal est-il le résultat de l'ensemble des pensées, options et actions mauvaises faites par les hommes au long de l'histoire ? Est-il l'onde ténébreuse portée par la liberté se détournant du ciel et se posant à contre-jour ? Ou renvoie-t-il à une force indépendante, malfaisante par nature: le malin, le diable, le satan, qui serait le foyer de toutes les tentations ? Non, le mal n'est ni un personnage, ni un principe constitutif du monde, ni un rival ou un laquais de Dieu. Il est une plaie formée au cours du temps dans la chair du monde et de l'humanité. Chaque génération hérite des fléaux provoqués par les précédents, les infectant de nouveaux péchés et en en répercutant les conséquences sur les générations suivantes. C'est ainsi que le mal court, se perpétue et prolifère. Les crimes ne disparaissent pas avec leurs auteurs; ils les suivent en propageant le ressentiment, la haine, le désir de revanche, en instaurant des systèmes juridiques, économiques et politiques qui bafouent la justice, l'égalité entre les êtres, la dignité de tous, qui gangrènent les mentalités, le poison lent et insidieux du racisme. Le mal est une pollution permanente de l'air du temps: nous respirons le mal et nous le sécrétons en retour. Nous y participons sans le vouloir, sans le savoir, du seul fait qu'on accepte l'injustice, la misère, les systèmes d'exploitation et d'exclusion, les violences des sociétés. Demander à être délivré du mal, c'est moins redouter d'en être la victime qu'exprimer sa crainte de réagir au mal subi par un mal équivalent. Plus que jamais, il faut quémander la grâce du pardon, de la miséricorde, l'intelligence de l'amour, la vertu de l'attention, pour limiter la propagation du mal accumulé jusqu'à présent.
Pour que la terre trouve la paix dans la justice…cette terre qui n'en finit pas d'attendre la venue du Règne de Dieu parmi les hommes.
L'arbre: après avoir germé, poussé, grandi et vu passer les saisons, se lever et se coucher le soleil; après avoir abrité les hommes, réjoui les regards, veillé sur leur paysage nuit et jour, supporté la solitude d'un coin de terre et d'un seul, sans voyager jamais; avoir fait naître des milliers de milliers de feuilles, rendues chaque année à la terre; avoir entendu,au loin, les passages de l'histoire; avoir fait tout cela et méditer sous la lune, ce ne serait rien ?