N°14
Mai 2000

 


L’Eglise, un peuple itinérant de témoins de la Résurrection   camille paul cartucci, metz

Si l’histoire du salut commence avec la création du monde et si l’incarnation commence avec la mise au monde de l’homme en Adam, la venue de Jésus n’est pas une nécessité accidentelle de l’histoire. Elle est le motif premier de la genèse de l’univers qui a été créé pour la gloire du Christ ressuscité, parfaite et seule image de Dieu, à l’image de laquelle Adam a été formé.

Le peuple de Dieu, c’est donc toute l’humanité ainsi appelée par Dieu, dès avant la création du monde, à la communion avec le Christ dans l’Esprit (1 Cor 1 :9). Tout homme, où qu’il se trouve et quelle que soit sa part d’illumination divine, peut rencontrer un jour ou l’autre ce Dieu providence qui fait luire son soleil indifféremment sur les bons et les méchants et qui s’occupe de ses créatures en les nourrissant des fruits de la terre, du soleil, de l’eau et du travail des hommes. Enfants de Dieu, ces enfants de la terre peuvent dire à ce Dieu Père qui veille sur eux jour et nuit: " Père et Seigneur de l’univers, donne-nous aujourd’hui le pain dont nous avons besoin chaque jour et sois-en loué ".

Un même Dieu et Père, un seul Seigneur, une seule histoire, une seule humanité, qui par des chemins différents mais convergents, marche vers le même Royaume que Dieu a préparé pour tous les hommes dès avant la création du monde.

A l’intérieur de ce peuple en route chemine une communauté de croyants qui, depuis deux mille ans, proclame sans se lasser le kérygme qui est le cœur de sa foi :
" Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ? Il a été enseveli.
" Christ est ressuscité, le troisième jour, selon les Ecritures. Il est apparu à Céphas, puis aux Douze. "

(1 Cor 15 :1-5)

Depuis 20 siècles, des générations de disciples ont annoncé cette Bonne Nouvelle à toutes les nations, souvent au péril de leur liberté. Quand les frères de Jésus se rassemblent, en effet, ce n’est pas pour pleurer un mort, ce n’est pas pour faire de belles cérémonies ni pour se répandre en donneurs de leçons ; c’est pour célébrer un homme qui est entré vivant dans la gloire de Dieu et qui les précède sur les chemins de la vie. Ces chrétiens ont derrière eux la longue expérience d’une Eglise qui garde et transmet la mémoire de 20 siècles d’annonce de l’Evangile. Ils ont devant eux la longue espérance d’une Eglise à naître qui annonce chaque jour la venue de son Seigneur dans la Gloire. Forts de cette foi-là, ils n’ont pas besoin de faire des miracles ni de faire revenir des morts pour convaincre qui que ce soit de ce qu’ils vivent.  Nourris de la Parole et de l’Eucharistie, l’Esprit atteste par eux que tous les hommes sont enfants de Dieu, que la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu, que les disciples sont aujourd’hui la présence réelle de Jésus dans la vie des hommes et les signes transparents de la clarté de DIEU.

En attendant, rien de ce qui est humain ne saurait être étranger à l’Evangile et à ses témoins.  L’Eglise, qui est au service du monde pour lequel elle existe, ne peut cependant pas résoudre, par elle-même, les grands problèmes du monde : ni celui de la faim, ni celui de l’explosion démographique, ni celui de la guerre, ni celui de la survie de l’humanité. Ce qu’elle peut faire, c’est d’être-là pour le monde. Etre-là, pour que ce monde soit constamment situé sur la trajectoire qui le conduit à sa réussite. Elle ne saurait donc se retirer du monde comme dans un ghetto ensoutané de bien-pensants et mener une vie propre dans une splendide autosuffisance. Le don de la grâce qu’elle a reçue lui donne vocation à penser, à parler, à agir et à être ‘dans’ le monde et à vivre en solidarité avec lui. Comme son Dieu qui est, qui était, qui vient et qui agit, elle est appelée à servir activement ses frères, qui sont TOUS des créatures uniques du Père. Une église ritualiste et moralisante qui vivrait uniquement pour elle-même et pour protéger, derrière ses gardes suisses, ses dernières certitudes, ne serait pas l’Eglise de Jésus. La mission qui justifie son existence et à laquelle le Seigneur l’appelle consiste à confesser le Christ, à être son porte-parole prophétique, à servir le droit et la justice des plus mal-aimés et à chanter les merveilles que le Seigneur fait par elle au cœur des nations . Signe parmi les nations, signe souvent invisible et plus souvent encore incompréhensible, elle n’en n’est pas moins une invitation permanente et vivante adressée à toute l’humanité à s’unir à elle dans la foi, la justice et la louange, pour témoigner avec elle des grandes choses que le Seigneur fait non seulement pour elle, mais pour le monde tout entier.

La résurrection de Jésus est l’annonce-événement de la résurrection de tous et du renouvellement du monde dans la terre nouvelle et les cieux nouveaux, dans la puissance de l’Esprit.

Oui, vraiment, l’Esprit de Jésus ressuscité nous propose collectivement un tout autre chemin que celui d’une civilisation qui a donné à l’homme les moyens technologiques de développer ses instincts de domination, mais qui a, en même temps, détruit ses raisons de vivre pleinement l’aventure des Béatitudes.

Les chrétiens ont entre les mains, comme le disait Brassens, le secret du bonheur des hommes. S’ils venaient à se taire ou à disparaître, les hommes rejoindraient inconsciemment, petit à petit, le monde inconfortable et hostile des reptiles. Ce n’est pas ce monde-là que Dieu a tant aimé. Et il serait dommage que les chrétiens soient les derniers à s’en apercevoir et à y croire.

 


 

Il était une fois…une plantation paroissiale qui devait se choisir un chef. Les arbres dirent alors à l’olivier : " Règne sur nous ! ". Mais l’olivier répondit : " Croyez-vous que je vais renoncer à produire de l’huile, appréciée des paroissiens, pour me fatiguer à gouverner les autres arbres ? ". Les arbres dirent alors au figuier : " Toi, viens régner sur nous ! " Mais le figuier répondit : " Croyez-vous que je vais renoncer à produire des fruits sucrés et délicieux pour user mes nerfs à gouverner les autres arbres ? ". Ils dirent ensuite à la vigne : " Toi, viens régner sur nous ! ". Mais la vigne répondit : " Croyez-vous que je vais renoncer à produire du vin qui remplit de joie le curé et ses paroissiens pour me déprimer à gouverner les autres arbres ? ". Finalement, les arbres s’adressèrent d’un commun accord à un buisson d’aubépines rabougri: " Toi, viens régner sur nous ! ". Et le buisson d’épines, tout heureux, leur répondit : " Si vraiment vous voulez me choisir comme chef, venez vous placer à l’ombre de mes épines ".

Ils déchantèrent vite et regrettèrent amèrement d’avoir si mal compris que l’intérêt commun devait toujours passer avant les intérêts particuliers. C’était là ouvrir un boulevard aux incapables…..toujours à l’affût de la bonne place à prendre pour ne jamais l’occuper.

 


 
Il y avait une fois.….dans un village un arbre fruitier magnifique. On savait qu’une moitié de l’arbre donnait des fruits de première qualité et que l’autre produisait des fruits empoisonnés. Mais personne ne pouvait dire quelle était la branche de bonne qualité.

Un jour, un enfant, échappant à la surveillance des adultes, prit par hasard un fruit mûr et le dégusta avec délices.

Aussitôt, les villageois scièrent la partie opposée, censée produire les fruits dangereux, et la brûlèrent.

Que pensez-vous qu’il arriva ? Ce fut tout l’arbre qui creva. CPC



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