N°13 Avril 2000

 


Le Christ ressuscité, l’Homme né de toute éternité…..camille paul cartucci, metz.

De toute éternité, Dieu a conçu le projet de se donner (= salut) à des créatures spirituelles sur qui faire retomber ses bienfaits pour en faire des fils adoptifs dans et par le Christ, le Fils par excellence.

Le motif ultime de ce projet divin de salut, c’est donc le Christ premier-né de toute la création (Col 1 :15). C’est en Lui et par lui, dans la gloire de sa résurrection à venir, que Dieu a inventé l’homme qu’il rêvait de devenir. C’est pour lui que tout a été fait, dès avant la fondation du monde (Eph 1 :4).

C’est ainsi que Dieu, lorsque les temps furent advenus, modela l’Homme à partir de la terre qu’Il venait de faire sortir des eaux primordiales, lui insuffla un esprit de vie et lui donna pour mission de cultiver le sol pour en faire naître un monde à son image.

C’est alors que commença la longue aventure de l’histoire collective de l’humanité, la lente montée humaine en marche vers son développement, son humanisation et sa totalisation.

L’homme doté d’un pouvoir d’action quasi divin sur le monde disposait en même temps du pouvoir redoutable de vouloir être comme Dieu et de prendre sa place. C’est ce qui arriva : en refusant délibérément la condition de créature qui le faisait exister comme homme, il rompait la relation de dépendance qui l’unissait à la divinité et la relation de réciprocité qui le liait à l’humanité et à la nature. Son image brisée en mille morceaux, il se retrouva seul, " errant et vagabond " (Gn 4 :14), sans repères, livré à lui-même et aux forces déstabilisantes d’un monde devenu hostile et détourné de son devenir réel. Le " péché ", comme puissance de dispersion et de dislocation, allait faire son œuvre de dissémination et proliférer jusqu’à prendre, au long des millénaires, des proportions planétaires.

Du coup, le sens de la venue de Jésus était, tout en étant d’abord celle de révéler le vrai visage de Dieu et la véritable vocation de l’homme, de replacer la création dans la trajectoire du projet que Dieu avait conçu pour elle dès les origines, de redonner à l’homme le sens juste de son avenir, de restaurer la relation vraie de l’homme à Dieu, à l’humanité et au cosmos. " Je suis la voie et la vie " disait celui qui ajoutait : " Nul ne va à Dieu que par moi et, séparément de moi, tout ce qui advient devient néant " (Jn 1 :3).

Cela dit, on ne peut donc pas subordonner la venue de Jésus à un hypothétique cataclysme déclenché par un hominien préhistorique par ailleurs introuvable, au contretemps désastreux d’un Adam primitif en état de rébellion et qui n’en demandait pas tant (tant sont gigantesques les conséquences de la faille qu’on voudrait faire porter sur les épaules de ce primate des cavernes, fruste et inculte, et dont Jésus n’a jamais parlé). La venue de Jésus dans le monde ne fut pas d’abord liée à un épisode accidentel de circonstance pour rattraper un drame originel irréparable par lui-même. La grâce de la création de l’univers a précédé l’émergence de l’homme de près de 15 milliards d’années et la grâce de la création de l’homme image de Dieu a précédé la disgrâce de son refus.

Si donc c’est par rapport au Christ crucifié qu’on a décrit le péché du monde, c’est à la lumière de sa résurrection qu’il faut chercher la raison de la création de l’homme et de l’univers.

De toute éternité, le Christ ressuscité est le modèle d’homme que Dieu rêvait d’engendrer lorsqu’il mit en route la formidable aventure de la vie. De toute éternité, le Christ vivant et glorifié était appelé à devenir cet homme qui réaliserait toutes les capacités contenues dans la nature humaine et notamment celle de pouvoir entrer en communion filiale avec le Père et en union fraternelle avec tout homme rencontré. L’histoire du salut a donc commencé avec la création du monde et l’incarnation du Christ a commencé avec la naissance de l’homme. La venue en personne de Dieu dans l’histoire a été le motif premier de la mise au monde progressive d’un univers créé pour la gloire du Christ ressuscité, à l’image duquel Adam a été fait. Si la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu. Et si Jésus est venu dans le monde lorsque les temps furent accomplis, c’était pour que tous les hommes aient la vie en surabondance (Jn 10 :10), et que tous les vivants puissent exalter, en Christ, par des hymnes de jubilation et d’ovation, la puissance du Seigneur de gloire transfigurant, par la résurrection de Jésus, l’histoire de l’univers.

 


KALLISTE

Il était une fois….une très belle jeune fille qui se prénommait KALLISTE et que Dieu avait particulièrement choyée. Elle vivait sur une île qui avait été sculptée par le Créateur lorsqu’au commencement, la terre était encore " informe, déserte et vide " (Gn 1 :2). Elle avait grandi au milieu des chênes-lièges, des oliviers, des vignes, des figuiers, des bougainvilliers, des lauriers-roses, des myrtes, des châtaigniers, des brebis et des oiseaux. Tous les jours que Dieu faisait, le soleil éclairait de sa splendeur une nature si belle et une végétation somptueuse entre toutes.

Un jour, elle quitta son île pour chercher sur le continent une autre voie et d’autres promesses de bonheur. Elle prit le bateau à Ajaccio et débarqua à Nice, la ville-phare de toutes les séductions et de tous les carnavals. Logée dans une mansarde de femme de service, elle trouva un travail domestique et vivota au gré des jours, avec un salaire de misère ? Elle se laissa séduire par les affiches, les enseignes lumineuses et les illusions de la ville-lumière. Elle n’eut jamais assez d’argent pour s’acheter des toilettes à la mode, pour avoir un train de vie un peu plus proche de celui des gens distingués qu’elle rencontrait. Elle travaillait au noir pour survivre. Elle abandonna la pratique religieuse et la ligne de vie qu’elle avait reçue de sa famille et de son village. Elle cherchait un bonheur qu’on lui promettait à toutes les devantures et qu’elle ne trouvait nulle part.

Un jour de Pâques, fatiguée par les mirages et les chimères de la vie artificielle qu’elle menait sur le continent, elle entendit la voix qu’elle voulait entendre : " Reviens, Kalliste, sur la terre qui t’a vu naître. Tes ancêtres en ont fait, à la sueur du front, une île enchantée unique au monde. En cette fête de la Résurrection, tout le pays vit dans la clarté du " Soleil de Justice ".

Elle revint donc par le premier bateau et retrouva, avec les cistes, les lentisques et les myrtes, la paix, les caresses de la mer, d’un ciel étincelant de jour comme de nuit, du vent du Cap et la magnificence d’une nature qui jadis avait émerveillé son âme. Elle retrouva la luxuriance du maquis verdissant, l’exubérance d’une population attachante. Elle respira à poumons libres les fragrances enivrantes des orangers et des cédratiers en fleur. Elle comprit alors que le nom qu’elle portait était celui d’une terre bénie des dieux et d’une île que Dieu, aux origines, avait ciselée avec amour pour elle. Elle vit là la préfiguration de ce que serait la " création nouvelle " que le Christ, par sa résurrection d’entre les morts, avait annoncée et promise comme le paradis du monde à venir.

CAMILLE PAUL CARTUCCI ERBALUNGA HAUTE CORSE

 

 

 


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