N°12 Mars 2000

 

 


Nous voulons un JUBILE pour le Salut de la CREATION * camille paul cartucci, metz

" La révolution sociale sera morale ou elle ne sera pas" (aurait dit PEGUY). " Le 21ème siècle sera spirituel ou il ne sera pas " (aurait dit MALRAUX). " L’Eglise sera catholique ou elle ne sera pas. Le chrétien sera protestant ou il ne sera pas " (aurait dit le pasteur Tommy FALLOT). " Le 3ème millénaire sera féminin ou il ne sera pas " (aurait dit la veuve du soldat inconnu). Trêve de balivernes ! Au 1er janvier 2001, le XXIème siècle sera ce qu’il sera et ce que nous le ferons. Mais si ce nouveau siècle n’est pas celui du respect et de la protection de la création, alors là, il ira droit dans le mur et emportera dans son cataclysme l’humanité tout entière.

Au commencement, en effet, le Dieu qui est, qui était et qui vient a fait don à l’homme qu’il venait de fabriquer avec de l’argile et du souffle, d’une demeure immense et belle qu’il appela " terre ". C’est cette terre, si fragile dans l’univers des galaxies, qu’il confia à l’homme pour qu’il en devînt le gérant responsable. Ainsi, Dieu, en créant le monde, a fait de l’homme un être à son image pour que l’homme, en transformant le monde, puisse devenir un créateur à la ressemblance de Dieu. Et faire du monde un milieu de vie harmonieux, somptueux, divin en un mot.

Or l’homme, en refusant de reconnaître dans la création l’image de Celui qui l’avait enfantée, tout en divinisant les forces et éléments de la nature (les astres, le soleil, la mer, la foudre, les sources, les montagnes), a joué le rôle de Prométhée, le voleur de feu. Prométhée, on le sait, est ce géant, fils de Titan et neveu d’Atlas, qui créa l’homme d’un bloc d’argile mêlé d’eau et qui alla dérober au char du soleil une étincelle du feu divin pour l’offrir sur terre aux humains qui s’étaient multipliés en son absence.

Mais en voulant conquérir le ciel comme les Titans et y voler le feu comme les Prométhée, l’Adam terrestre est sorti de son rôle et de sa vocation : il a perdu tout ensemble le sens du mystère de Dieu et celui du secret de la Création. Ne considérant plus la Terre comme un don de Dieu, sa vision prométhéenne lui a fait croire qu’il était devenu le maître absolu de l’univers : l’exploitation à outrance de ses richesses est devenue la seule raison d’être de ses entreprises ; le rendement et la productivité ses seules raisons d’agir ; le profit et la spéculation financière ses seules raisons de vivre.

Pourtant, la Genèse ne demandait à l’homme qu’une chose : celle d’être l’intendant averti et le jardinier attentionné de la création, de faire de la nature la mère nourricière de tous les vivants, de répondre aux besoins vitaux élémentaires de tous les hommes.

Or la terre, livrée aux appétits féroces des lois du marché, a fini par être agressée jusque dans ses entrailles par les prédateurs indécents de tous les continents. Bien commun de toute l’humanité, l’exploitation insensée de ses ressources a fait la fortune insolente de quelques-uns, jeté des millions d’autres dans l’exclusion (par la misère, la malnutrition, l’analphabétisme, le dénuement, le désespoir) et dévasté tout l’environnement du monde des vivants (stérilité des terres arables, érosion des sols, pollutions agricoles, salification, modifications climatiques, réchauffement de l’atmosphère, fragilisation irréversible des équilibres des écosystèmes, atteintes aux équilibres écologiques, pénurie d’eau, pollution des eaux et de l’air, disparition des espèces, épuisement exponentiel des ressources, etc).

Le XXIème siècle sera donc, si le prédateur adamique continue sur cette lancée qu’il appelle " progrès " ou " croissance ", celui d’une désertification accélérée de la nature et d’une paupérisation plus massive encore de millions d’êtres humains qui resteront en rade, affamés et révoltés, sur le bord de la route.

Pourtant la contemplation du mystère de l’existence, la magie de la vie, le vertige de l’infini des galaxies devraient donner à tous le sens de l’humilité et du recueillement nécessaire pour écouter le silence des espaces infinis et pour apaiser le chaos turbulent du monde, le sens de la frugalité, de la lutte acharnée contre toute forme de gaspillage, le respect de la vie, de toute vie.

Organisons donc ensemble le Jubilé qui nous manque, celui, essentiel entre tous, d’une Création ré-enchantée, qui nous renverrait par voie directe à Celui qui seul a pu, dans sa munificence, inventer pour nous une telle magnificence. La justice qui réclame le partage équitable des biens et des richesses est en même temps la vertu qui exige le respect de la nature et de sa sauvegarde. Elle est la vertu cardinale d’une humanité qui, en donnant à chacun des moyens de vivre, donne en même temps à tous des raisons d’espérer et de faire résonner la jubilation d’un univers sauvé du pillage et de la dévastation et rendu à sa splendeur divine.

Les croyants qui ont l’intelligence de l’invisible devraient être ainsi les premiers à vouloir chanter la gloire de Dieu qui transparaît dans les merveilles de la création.

Béni sois-tu, Seigneur de Gloire, Toi qui es digne d’être loué par-dessus tout et à jamais !

Astres du ciel, pluies et rosées, feu et chaleur, givres, glaces et neiges, éclairs et nuées, montagnes et collines, sources et rivières, mers et fleuves, fils des hommes, terre entière, par la voix des serviteurs de la terre, célébrez et chantez la splendeur de la gloire de Dieu.

Acclamez Dieu aux cris de l’ovation, alleluia, dans les musiques triomphales, alleluia, alleluia.

Exulte de joie, dans le Seigneur ; jubile terre entière.. Car éternel est l’amour de Dieu pour Toi !

 


 
We want a jubilee for the Salvation of Creation. camille paul cartucci metz

"The social revolution will be moral or it won’t be ", (PEGUY would have said). " The 21st century will be spiritual or it won’t be ", (MALRAUX would have said). "The Church will be catholic or it won’t be. The Christian will be Protestant or he won’t be ", (the minister Tommy FALLOT would have said. "The third millennium will be feminine or it won’t be ", (the mother of the unknown soldier would have said). Stop kidding! On January 1st 2001, the XXIst century will be what it will be and what we will do with it. But if this new century is flot the Century of the respect and the protection of creation, then it will go straight into a wall and it will take the whole of humanity in its cataclysm.

At the beginning, indeed, the God who is, who was and who will come, gave the man he had just made from day and breath, a huge and beautiful abode that he called ‘earth’. It is this earth, so fragile in the universe of galaxies, that he entrusted with men so that they would become its responsible manager. Thus, God, by creating the world, has made the human being in the likeness of himself so that man, by transforming the world, may become a creator bearing a resemblance to God. And make the world a harmonious, sumptuous, in a word divine living environment.

Now, man, refusing to recognise in the creation the image of The one who had given birth to it, while divinising the forces and the elements of nature (the stars, the sun, the sea, the lightening, the sources, the mountains), played the part of Prometheus, the fire stealer. Prometheus, as we know, is this giant, Titan’s son and Atlas’s nephew, who created man from a lump of day mixed with water and who went to steal a spark of the divine fire from the chariot ofthe Sun to offer it to the humans who had multiplied in the meantime.

But, wishing to conquer the sky like the Titans and steal the fire like Prometheus, the earthly Adam has got out of his part and of his calling: he has lost the sense of God’s mystery and of the secret of the creation altogether. Not considering the earth as God’s gift anymore, his prometheuslike vision has made him believe that he has become the absolute master of the universe: the out and out exploitation of its wealth has become the only justification for his enterprises; return and productivity, his only reasons for acting; profit and speculation on money, his only reasons for living.

Yet, the Genesis was only asking men one thing: to be a wide awake administrator, and the careful gardener of the creation, to make nature the foster-mother of ail the living beings, to answer the elementary vital needs of ail humans.

Now, the earth, left to the ferocious appetite of the market rules, ended by being attacked by indecent predators of ail the continents to the depths of its bowels. Common way of ail humanity, the foolish exploitation of its resources has made some people insolently well off, thrown millions of others into exclusion (out of extreme poverty, malnutrition, illiteracy, destitution, despair) and devastated ail the environment of the living world (sterility of arable land, erosion of grounds, agricultural pollution, salting, changes in climatic conditions, warming up of the atmosphere, irreversible fragility in the balance of ecosystems, alterations of the ecological balance, shortage of water, air and water pollution, disappearance of species, exponential waste of resources, etc.).

The XXth century will then be, if the adamic predator goes on that way he calls ‘progress’ or ‘growth’, a century of increased desertification of nature and of a more massive yet

impoverishment of millions of human beings who will stay behind, starved and revolted, on the side of the road.

However, the contemplation of the mystery, the magic of life, the breathtaking infinite of the galaxies should give everybody a sense of humility and contemplation which is necessary to listen to the silence of endless space and to soothe the restless chaos of the world, the reason for frugality, for the desperate fight against ail forms of waste, the respect of life, of ail kind of life.

Let us together organise the Jubilee which is missing, the most essential one of a re-enchanted creation, which would send us directly back to The One who, the only One, was able to invent, in His own splendor, such a splendor for ourselves. The justice which demands the fair sharing of goods and wealth, is at the same time, the virtue which demands the respect of nature and its protection. It is the cardinal virtue of a humanity which, by giving means of living to everyone, gives at the same time some hope and some reasons for sounding the jubilation of a universe saved from waste and devastation, and given back to its divine splendour.

The faithful who have the intelligence of the invisible, should therefore be the first to want to sing God’s glory which shows through the marvels of the creation.

Bless thou, Lord of Glory, thou who are worthy of praise above ail and for ever!

Stars in the sky, ram and dew, fire and heat, frost, ice and snow, lightening and clouds, mountains and hills, sources and streams, seas and rivers, sons of men, the entire earth, through the voices of the servants of earth, celebrate and sing the splendour of God’s glory.

Acclaim God with ovation calls, alleluia, in triumphal pieces of music, alleluia, alleluia. Rejoice in The Lord, jubilate, the entire earth..., for eternal us God’s love for You!

Traduction Yan et Isabelle Macmillan, Metz


Il était une fois……une ROSE que j’avais cueillie délicatement sur son rosier et que j’avais placée dans un magnifique soliflore en cristal de St Louis, sur mon bureau.

Entre un monsieur sérieux qui me fit remarquer avec une modeste suffisance qu’il ne fallait pas arracher les fleurs à leur milieu naturel pour en décorer une obscure salle de travail.

Durant la nuit, un violent orage détruisit tout le rosier, ne laissant en vie aucune de ces jolies fleurs en fleur.

Celle que j’avais cueillie s’ouvrit, parfuma mon bureau, assista à mes côtés avec bienveillance aux examens oraux qui se déroulèrent là, durant huit jours, encourageant les candidats stressés, montrant ses épines aux nullards, adoucissant le regard noir que je portais à travers elle sur les médiocres, souriant à ceux qui semblaient savoir qu’il est normal qu’on exige un minimum de connaissances à un candidat qui se présente à un examen pour obtenir son diplôme et qui ne comptait pas sur le hasard, la complaisance démagogique ou les pleurnicheries pour réussir ses épreuves.

Puis, les examens terminés, comme triste de n’avoir plus à assister à ce genre d’exercice passionnant, elle se dessécha et ses pétales fanés tombèrent un à un, sur le rebord de la table, pendant que les étudiants, épanouis, s’en allèrent sous d’autres cieux, à la rencontre d’autres fleurs, belles et ouvertes, mais jamais aussi roses que la rose qui, un jour d’été, avait assisté, patiente et parfumée, à leur départ laborieux en vacances ou dans la vie. Sans dire un mot.


Il était une fois Anaïk Labornez, dite BECASSINE, née à Clocher-lès-Bécasses, près de Quimper…….

" Mon Père, je m’accuse d’avoir manqué la messe tous les dimanches. – C’est très mal, mon enfant. – Et pourquoi avez-vous manqué la messe ? Quelle est votre profession ? – Je suis en service, mon Père. – Est-ce que vos patrons vous empêchent de pratiquer ? – Oh ! Pas du tout, mon Père. - Ils sont très catholiques. – Alors, mon enfant ? - Eh bien, tous les samedis soirs, Madame donne un grand dîner. Et Madame ne permet pas qu’on se couche avant d’avoir nettoyé et rangé toute la vaisselle, les verres, l’argenterie, etc. Ça fait qu’on se couche après une heure du matin. Alors on est bien fatigué pour aller à la première messe. - Allez-y un peu plus tard, mon enfant. - On ne peut pas, mon Père. Madame reçoit ses enfants tous les dimanches à déjeuner. Il faut se mettre au travail de bonne heure. - Et vos patrons ne manquent jamais la messe, mon enfant ? – Oh non, mon Père ! Ils sont trop bons catholiques pour ça. "


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